Je cultive pour le dessin une passion qui remonte à l’enfance. Petite, je me suis mise à dessiner sur les murs de ma chambre et sur la surface râpeuse des trottoirs.
Ensuite J’ai dessiné Tintin au fusain dans un cours de dessin donné au sous-sol de la bibliothèque de mon quartier et reproduit par une journée d’ennui, des images tirées d’encyclopédie. C’est lors d’un de ces moments que j’ai ressenti que le dessin ouvrait en moi un territoire où nul ne pouvait faire intrusion. Dessiner devenait une expérience d’intériorité qui se répète encore aujourd’hui.
J’entretiens avec l’écriture ce même rapport qui est de l’ordre de la simplicité et de l’intimité. Le dessin et l’écriture relèvent du même geste. Je me nourris des deux et il m’arrive fréquemment de les faire cohabiter sur la même feuille. Cette paire incarne pour moi l’inscription d’une sensibilité et affirme la présence d’une poétique du geste.
Je considère que notre regard constamment noyé dans un flot incessant d’images, a perdu une partie de sa capacité d’attention et d’observation. Le dessin implique d’être présent aux choses pour qu’à leur tour, elles nous deviennent présentes. “La perception est une connivence entre moi et ce que je perçois.”